- décrépitude
-
• fin XIVe; de décrépit1 ♦ Vieilli État de déchéance, de grand affaiblissement physique, qui provient d'une extrême vieillesse. ⇒ sénilité; caducité.2 ♦ (1836) Mod. ⇒ décadence. Tomber en décrépitude. Décrépitude d'un monde. ⇒ agonie. « la décrépitude des vieilles institutions contre l'énergie des jeunes générations » (Chateaubriand).⊗ CONTR. Jeunesse, vigueur.Synonymes :- déchéance- sénilitéContraires :- jeunesse- maturité- verdeur- vigueurLittéraire. Décadence d'une société, d'une civilisation.Synonymes :- agonie- déclin- dégénérescence- déliquescenceContraires :- essor- progrès- prospéritédécrépituden. f. Décadence. Une institution en pleine décrépitude.⇒DÉCRÉPITUDE, subst. fém.A.— [Le compl. prép. désigne une pers., une partie du corps] Dégradation physique accentuée produite par l'âge. Les ravages que faisaient les chagrins chez sa mêre (...) passant de la vieillesse à la décrépitude (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 646) :• Saisie, la jeune fille s'était levée, devant cet étranger maigri et jauni, qu'elle reconnaissait à peine. (...) La face s'était creusée, les cheveux s'éclaircissaient, semés de fils blancs. Pourtant, elle finit par le retrouver, avec sa tête jolie et fine, d'une grâce inquiétante de fille, jusque dans sa décrépitude précoce.ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, p. 62.— P. méton., absol. Personne qui présente avec l'âge une dégradation physique accentuée. La causerie avec les deux décrépitudes du quatrième et du troisième étage (AMIEL, Journal, 1866, p. 115). Près d'elle (...) se vautrait une honte, une décrépitude, une ruine comique et lamentable, le marquis de Chouard en chemise (ZOLA, Nana, 1880, p. 1462).— P. ext. [Le compl. prép. désigne une pers., un groupe de pers.] Décrépitude morale. Dégradation des forces morales. Pensez-vous que la terre et le ciel soient coupables de notre décrépitude morale (SAND, Lélia, 1833, p. 105). Une longue décrépitude morale, une vieillesse vicieuse et troublée (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p. 68).— P. métaph. [Le compl. désigne une entité abstr.] Une classe d'hommes victime de la décrépitude du monde bourgeois (...) se dirige vers un monde qui comporte la ruine du monde présent (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 226). La décrépitude des Églises n'est qu'apparente. Seule la façade est lézardée : ce qui appartient au temps (MAURIAC, Journal 4, 1950, p. 80).B.— P. anal. [Le compl. désigne des inanimés concr.] Dégradation extérieure due au temps. La décrépitude de la terre et la décadence du genre humain (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 226). Les peintures vert tendre, les glaces, l'enseigne dorée, tout craquait, se salissait déjà, offrait cette décrépitude rapide et lamentable du faux luxe (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 741).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1564 decrepitude (A. PARÉ, Introduction à la chirurgie, 5 ds LITTRÉ); 2. 1836 fig. « décadence » (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, p. XLI : la misérable décrépitude de l'Empire Byzantin). Dér. (avec haplologie) de décrépit; suff. -itude. Fréq. abs. littér. :155. Bbg. DARM. 1877, p. 190. — GOHIN 1903, p. 343. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 396.
décrépitude [dekʀepityd] n. f.ÉTYM. V. 1387; de décrépit.❖1 Vieilli. État de déchéance, de grand affaiblissement physique, qui provient d'une extrême vieillesse. ⇒ Sénilité; caducité (cit. 1). || Il est tombé dans la décrépitude et le gâtisme.1 Mes sentiments pour vous ne se ressentent point de ma décrépitude.2 (1836). Mod. ⇒ Décadence, vieillesse. || Décrépitude morale. || Décrépitude des mœurs. || Décrépitude d'une nation, d'une civilisation. ⇒ Agonie.2 On ne sort de l'assoupissement des trop longs attachements que par le dépit et le chagrin de se voir toujours attaché; enfin de toutes les décrépitudes, celle de l'amour est la plus insupportable.La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 9, De l'amour et de la vie.3 Mais on prend pour des conspirations ce qui n'est que le malaise de tous, le produit du siècle, la lutte de l'ancienne société avec la nouvelle, le combat de la décrépitude des vieilles institutions contre l'énergie des jeunes générations (…)Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 126.4 La décrépitude et la décadence de l'Inde brahmanique, l'usure de ses monuments surhumains, la tombée en poussière de ses rites et de ses fêtes, m'apparaissent irrémédiables, en cette décevante minute, de même que l'amoindrissement de sa race superbe.Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, IV, p. 173.❖CONTR. Jeunesse, verdeur, vigueur.
Encyclopédie Universelle. 2012.